J’aime paaaaaaaas la Saint-Valentin… et en plus ils le savent très bien, alors pourquoi m’avoir traîné jusqu’ici ? J’ai toujours trouvé cet événement complètement inutile et purement commercial, exactement comme ce fichu parc d’attractions auquel mes amis m’ont traîné de force. C’est clair qu’ils ont signé leur arrêt de mort, ces traîtres ! Ils ont beau s’être enfuis, je leur mettrais bien la main dessus demain au lycée et ça va saigner, beaucoup saigner, parce que je ne leur pardonnerai pas de me foutre la honte comme ça. Non mais sérieusement, j’ai l’air d’être désespéré au point de venir chercher l’amour dans un endroit pareil ?! Hein, comment ça oui ? Mais j’vous en foutrais, des cupidons obèses et des petits cœurs qui frôlent la crise cardiaque à tout instant, moi, vous allez voir… ça me met hors de moi rien qu’à les voir, j’ai juste envie de les enfermer dans une poubelle pour me détendre, d’ailleurs je devrais le faire, j’suis certain qu’on me donnera une médaille pour me féliciter. Et c’est quoi ça, qu’est-ce qu’il me veut celui-là ? Allez, j’le baffe maintenant ou j’attends qu’il ouvre la bouche ? Si ça se trouve, et avec un peu de chance, il va me mettre dehors… Espérons.
Bref, je regardais ce mec ridicule, habillé, au plutôt enroulé, dans une sorte de… de rideau blanc, de voile de mariée ? Je ne savais pas trop, et je soupirais. Le pauvre, sa fierté masculine a dû en prendre un coup, moi c’est clair que je préférerai me promener à poil plutôt que comme ça… j’suis sûr que ça ferais des heureux. Oh mon dieu, il a même des ailes dans le dos et une casquette recouverte de cœur lumineux qui font mal aux yeux sur la tête… c’est une agréable caricature d’un ange, si je ne me trompe pas… je compatis, mec. Il devait vraiment être en manque cruel d’argent pour accepter de faire une telle chose… roooh, que je suis gentil de m’inquiéter pour lui, j’suis vraiment trop mignon, hein ? Ah, euh en fait j’veux pas connaître votre avis, vous êtes un peu dérangés vous.
Sans rien dire, et avec un air plus que compatissant pour l’ange peu gracieux que j’avais en face des yeux, je le regardais marcher d’un pas lourd dans ma direction en me demandant bien ce qu’il me voulait en un moment pareil. Si c’était vraiment après moi qu’il en avait, après tout je suis loin d’être tout seul vers cette entrée de malheur et il était parfaitement possible qu’il bifurque à la dernière seconde vers quelqu’un d’autre, non ? D’ailleurs c’est curieux, j’ai l’impression d’être un peu solitaire, là… ah mais effectivement, je ne me trompe pas, il n’y a que des pairs autour de moi. Ca doit être l’ambiance de la place qui veut ça, en plus je parie que les couples adorent s’afficher dans des lieux publiques un 14 février, juste pour montrer au monde que l’amour c’est beau. Non mais je suis tout à fait d’accord avec eux, c’est très beau tout ça, mais merde quoi, pas besoin de se pavaner de la sorte devant les pauvres célibataires dans mon genre, ça me déprime encore plus que je ne le suis déjà.
Arrivé à ma hauteur, il me désigna d’un signe de tête que je jugea très impoli, tout en lançant un regard fatigué à une jeune femme qui marchait près de lui, que je n’avais pas remarqué auparavant. Pourquoi étais-je montré de la sorte ? C’est quoi ce beug ? Hé nan mais oh, j’suis pas un vulgaire objet qu’on montre du doigt à travers la vitrine, ça se fait pas gros lard ! Non, je sais que je suis pas sympa, méchant, même, mais j’avais pas envie dut out qu’on vienne me faire chi… oh pardon, qu’on vienne… m’enquiquiner aujourd’hui, alors comprenez mon énervement mental grandissant. Pis si vous voulez pas tant pis, faites au moins abstraction ça m’aidera.

« Vous êtes tout seul ? Parfait, mademoiselle je vous laisse. J’espère que ça ira »

Et il me laissa là avec la fille, que je scrutais de haut en bas avec un sourcil arqué sans lui dire un mot. Huhu, elle était plutôt jolie. Euuuh, faisons comme si de rien n’était, hein.

« Salut, fis-je en lui souriant. Qu’est-ce qu’il y a ? »

Et bien oui, il devait bien y avoir une raison pour que cupidon l’amène à moi. Je n’ai aucune idée de quelle elle pourrait être, mais bon, elle, elle va bien m’expliquer. Du moins elle a intérêt sinon je risque de la harceler jusqu’à ce qu’elle parle et j’suis sûr qu’elle n’appréciera pas que j’insiste durant des heures pour savoir, n’importe qui finirait par craquer. Et de mon côté je suis très doué pour obtenir ce que je veux alors… ouais mais ça devrait aller, j’vois pas pourquoi elle se braquerais juste pour ça, hein !

Mais je n’eus pas le temps de recevoir ma réponse qu’un petit bonhomme barbu, qui avait une certaine ressemblance avec l’image que je me fais du père Noël, se précipita vers nous, nous salua brièvement puis nous agrippa chacun par le bras pour nous traîner on-ne-sait-où. Un peu fâché d’être malmené de la sorte (oui, parce que je considérais que j’étais malmené), je me débattais en râlant, après tout, si il me disait où aller je pourrais m’y déplacer tout seul comme un grand, mais c’est qu’il était plus costaud qu’il en avait l’air, le papy ! Donc, je ne parvins pas à l’obliger à me lâcher, et ce n’est qu’une fois qu’il nous eut emmené devant une attraction qu’il nous rendit la liberté. À nouveau, je ne put rien dire, il nous poussait déjà à l’intérieur. Il fallut une fraction de seconde au gars posté à l’entrée pour nous choper le poignet, nous accrocher l’un à l’autre par des menottes et nous envoyer dans ce que je reconnu être un labyrinthe. BAM, le portail se refermait, nous laissant seuls entre parfaits inconnus.
Mon premier réflexe fut de retirer ma main du bracelet de fer, mais rien n’y faisait, je ne parvenais pas à passer sans devoir m’arracher le bras. Je jetais un regard traumatisé à la fille.

« Mais c’est n’importe quoi leur truc, m’exclamai-je en tentant d’ouvrir la porte. Attends, je rêve ! J’ai pas cherché à venir ici, pourquoi j’ai l’impression qu’on se fout de ma gueule ?! Eeeeeeeh, si t’es dans le coup dis-le moi, j’serais moins longtemps fâché sans savoir pourquoi ! Et AAAAARGH j’arrive pas à enlever les menottes ! »

Hooooou, calme, Tae, repiiiiiire… ça peut pas être pire, mais garde ton sang-froid sinon il va y avoir des morts. Et ce serait bête que je m’engueule avec cette belle demoiselle, n’est-ce pas ?

« Breeeef… comment tu t’appelles ? Moi c’est Tae Won »

Bloquée dans un labyrinthe, menottée à un type apparemment plus jeune qu’elle. Mais que s’était-il passé ? Oh, rien de pourtant trop inquiétant. La situation devait sûrement être moins grave que ce qu’elle avait l’air. Genre c’était une blague ? Une caméra cachée ? Ou alors ils faisaient un remake d’Alice aux Pays des Merveilles et Johnny Depp allait bientôt apparaître. Nom de nom ! Vivement ! Mais avant de continuer dans le délire d’Eun Na, expliquons d’abord les faits. Ce matin, comme tous les autres matins, on peut déjà supposer qu’elle s’était levée. Ben oui, sinon, elle ne serait pas ici. Passons èé ! La suite ? Oui oui, ça vient. La suite, c’était qu’elle avait pris son p’tit déjeuner. Et avait eu l’idée d’aller à ce nouveau parc d’attraction qui devait ouvrir aujourd’hui, sans avoir seulement conscience de la réelle date. 14 février = ouverture du parc. Point barre. A part ça, ça n’avait rien d’exceptionnel. Malheureuse ! Elle allait probablement regretter d’y avoir pensé en se retrouvant, plus tard, dans ce labyrinthe, menottée à un inconnu. Ben ouais. On pouvait être la personne la plus sympa du monde qu’on trouverait pas cette situation spécialement cool. En bref, elle était arrivée devant l’entrée, un type déguisé en ange ( « wouah, sympa le costume, c’est mardi gras ? ») était venu la voir. Lui avait demandé où était le type sensé l’accompagner. A sa réponse : « quel type ? », elle s’était vue entraîner de force. Et ça, tout de suite, ça rendait la découverte de ce parc moins fun. Hey ! OK, elle pouvait appeler des potes si on était obligé d’être accompagné. C’était grave si elle était venue seule ? Elle allait se retrouver devant le grand manitou du parc d’attraction avant de se faire foutre dehors ?

Bon. On lui avait expliqué, et plutôt que de pousser une gueulante et s’exclamer que les célibataires avaient eux aussi des droits, Eun Na se l’était jouée… Cool. C’est-à-dire ? C’est-à-dire qu’elle n’avait pas cherché à égorger le bonhomme avec sa fausse auréole, la vraie se trouvant sous ses bras malheureusement. A la place, elle s’était simplement rendue compte que toutes les personnes marchant autour d’elle étaient… Pour la majorité, des couples. Au secours O.O ! Ils étaient tous à deux, c’était horrible ! Où étaient les ribambelles d’amis, les bandes de potes diverses et variées, allant des chiantes aux marrantes ? C’était un cauchemar. Sûrement. Ouais parce que sinon, elle ne voyait pas trop. Tout à coup, le bonhomme déguisé en ange avait plus des airs de monstre que de petit Cupidon. Soyons clairs : elle n’avait strictement rien contre les couples, exceptés les couples niais. C’était plus le principe du parc qui lui semblait… Très bizarre en fait. Mais passons. Cupidon lui avait trouvé un cavalier. Ah ! Elle allait peut-être pouvoir parler maintenant ! Genre pour donner son avis et dire si elle était d’accord ou pas d’abord. Ben quoi ? C’était tout à fait normal ! Après, bidule avait l’air sympa. Mais à peine avait-elle ouvert la bouche pour répondre qu’elle s’était retrouvée coupée par… Le père Noël ! Ca tombait bien, elle avait quelques trucs à lui demander concernant ses cadeaux du noël dernier. Qui n’avaient pas été ceux qu’elle avait voulus ! Trois secondes plus tard ? Enfermée dans un labyrinthe. Voilà comment on en était arrivé là. Mais fait encore plus étonnant : elle ne fut pas la première à prendre la parole, elle qui pouvait lâcher des flots de conneries en trente sept secondes et vingt huit centièmes.

- Eeeeh bouge pas trop ton bras, tu m’fais mal ! Restons cool, tout va bien, on n’est pas dans le Titanic et on va pas mourir noyés, c’est déjà ça. Je suis aussi innocente que toi dans cette histoire alors no worries, on ressortira vivants. Sauf si on trouve pas la sortie et qu’on meurt de faim. Ou de soif. Mais à part ça, pas de quoi s’inquiéter !

Mouais. Super convaincante la Eun Na. Oui ben en attendant, elle était la plus calme des deux. Et elle n’avait pas non plus l’air de prendre ça d’une manière aussi dramatique que… Tae Won. Yeah, ben ça avançait quand même ! Elle avait un nom maintenant, c’était pas si mal. Et pis un nouveau pote, ça lui ferait pas de mal. Bien au contraire, s’il était cool, l’idée du labyrinthe pouvait finir par être sympa. Fallait le relaxer avant. OK. Et comment on faisait quand on était menotté à une personne qu’on ne connaissait pas et bloqués dans un labyrinthe ? D’accord, la situation n’aidait pas. Dommage.

- Et moi c’est Eun Na. Bon allez, j’propose qu’on avance. J’ai entendu dire qu’il fallait toujours tourner à gauche dans les labyrinthes. Ou à droite. Ou alors gauche droite. Droite gauche ? Boarf, on verra bien.

Le plus naturellement du monde, la demoiselle s’était mise à marcher, entraînant évidemment son nouveau complice avec elle, puisqu’ils étaient un peu forcés à être ensemble x_x ! Au bout de cinq minutes à peine, ils s’étaient retrouvés spectateurs d’une dispute phénoménale de ce qui semblait être un couple. Un vrai hein ! Et qui avait de grandes chances de ne plus l’être très bientôt o_o ! Regardant l’endroit d’où ils semblaient venir, ses yeux étaient ensuite allés se poser sur Tae Won dans un :

- Je propose qu’on n’aille surtout pas par là !

Et ça, c’était l’idée du siècle.

Non mais vraiment, toute cette histoire me met hors de moi. D’accord, aux yeux de mes potes je suis encore un pauvre mec célibataire qui traîne de moins en moins avec eux pour une raison qu’ils ignorent, mais ce n’est pas vraiment la vérité. Durant la majorité de mes nuits et durant mon temps libre, croyez-moi, je suis accompagné par la meilleure personne possible…sauf que pour l’instant, je ne leur en ai pas encore parlé. Pas que ça me gêne de leur dire, juste que je ne pense pas que ce soit une bonne idée que ça s’ébruite trop, je ne voudrais pas qu’il récolte des ennuis par ma faute. Je suis sûr que certains seraient capable de criser en l’accusant de détournement de mineur alors que c’est complètement stupide. Pédophile, tant qu’ils y sont ! C’est vraiment n’importe quoi, je suis tout ce qu’il y a de plus consentant et c’est pas non plus comme si on avait vingt ans d’écart ! Oh mon Dieu j’y pense que maintenant mais aujourd’hui c’est son anniversaire… argh il est partit trop tôt ce matin, j’y ai pas pensé… gros nuuuul >.<

Et voilà, j’étais encore plus énervé. Ah oups, je n’avais pas pensé à la jeune demoiselle avant de me jeter sur la porte pour la tambouriner de toutes mes forces, et à cause de cette saleté de menottes, elle avait été obligée de me suivre dans mon geste. Arrêtant de m’agiter pour ne pas prendre le risque de la casser, je m’excusais en passant une mains dans mes cheveux. J’avais jeté un regard désespéré au métal en essayant de nous délivrer des menottes alors que je l’écoutais vaguement délirer au sujet du titanic et du fait que nous risquions de mourir de faim ou de soif. J’essayais de retirer ma main du bracelet de fer, sans succès. Raaaaaaaah ça m’embêtais vraiment. Ce n’était pas la perspective qu’on soit attachés qui me posait problème, mais plutôt qu’on ne puise pas être libre de nos mouvements J’aime pas me sentir enchaîné de la sorte, eh bien me voilà servi !

Boooooon je manque à tous mes principes, observons cette demoiselle de plus près. À force de toujours mater n’importe qui n’importe quand sous toutes les coutures, je suis passé expert en la matière pour rester discret. L’air de rien, je flissais mon regard sur son corps, sur ses courbes, tout en apprenant d’elle un prénom, Eun Na. Eh bien Nana était dort jolie. Brune, pas très grande et le regard vif, pétillant, elle était banale sans trop l’être. En plus elle avait l’air sympa, que demander de plus ? Non mais imaginez un peu si je m’étais retrouvé avec une fille insupportable ! Elle aurait pas fait long feu, je l’aurais envoyé dans le décor. Mais Eun Na me plaisait bien, j’aime bien son petit côté à l’Ouest que j’avais déjà repéré.

« Je crois qu’on dit toujours à gauche, mais je comprends pas vraiment pourquoi. Mais ça m’étonnerais qu’il y ait une règle, ce serait trop simple sinon… le but c’est justement qu’on se perde ! »

Comme elle avait commencé à marcher, je fus obligé de la suivre comme un petit chien. Quand on se retrouva face à une crise de couple, j’étais totalement bouche bée. La fille hurlait sur son copain en le frappant de sa main libre, et moi qui n’aime pas vivre ou assister à ce genre de scène, c’était limite si je me cachais pas derrière Eun Na. Peiné pour le mec, je compatissait vraiment, et en connaissance de cause ; Les demoiselles déchaînées, merci, je connais très bien et ça commence à me faire leur. Il n’y a rien de pire qu’une petite amie qui a quelque chose à vous reprocher. Les jeunes femmes, de nos jours, c’est violent ! Le nombre de fois où j’me suis reçu des objets en tout genre dans la gueule est tout simplement incalculable, mais je finissait toujours par avoir le dernier mot, elle me pardonnait, je suis tellement mignon… ou alors elle était stupide.
Eun Na avait intelligemment proposé qu’on aille surtout pas de ce côté-là.

« Tout à fait d’accord, m’exclamai-je en marchant dans la direction opposée et en prenant sa main menottée dans la mienne pour qu’elle me suive. J’suis sûr que des ondes négatives nous agresseraient, là-bas. »

Je n’ai pas un très bon sens de l’orientation, mais bon, si on essaie tous les chemins possible, on va bien finir par trouver la sortie. Du moins j’espère ewe
Ne sachant pas si c’était une bonne idée ou non, je tournais à droite, encore à droite, puis finalement à gauche. Devant nous… une immense flaque d’eau boueuse… et une simple tyrolienne pour la traverser. Oh noooooon… j’espère que Nana ne tombera pas dans la flotte.
Ca ne servait à rien de repart en arrière, je parie qu’il y a d’autre trucs à passer pire que ça, et en plus moi j’aime bien ce genre de jeux. Quand on était gamins, avec mes frères, on allait souvent nous amuser avec ça à chaque fois qu’on en voyait. Pour nos pères, c’était toujours la croix et la bannière pour nous faire décrocher, je m’en souviens parfaitement. Je me rappelle aussi que celui qui se faisait toujours mal c’était moi… maladroit un jour, maladroit toujours !

Je souris à la brunette.

« Je te prends sur mon dos, on peut pas trop faire autrement… si tu t’accroches bien, y’a aucune raison pour qu’on tombe. »

Je la laissait grimper, attrapais la corde et yahou~

Heureusement, personne n’était tombé en cours de route. De l’autre côté, je la laissais retomber sur ses pieds.

« Ca va toujours ? »